LES AMOUREUX DU NIL

2007

Des jeunes couples en quête d’intimité sur les quais du Nil au Caire. Léonore Baud tente de les surprendre avec sa caméra dans un long travelling à bord d’une voiture ; mais dès que les amoureux se sentent observés, ils cessent de se bécoter. Mal à l’aise avec ce dispositif, la réalisatrice arrête de tourner. Ce qu’elle aimerait, c’est descendre de voiture pour filmer ouvertement les couples. Une démarche que les règles morales égyptiennes rendent pourtant impossible.



Les amoureux du Nil pose une question fondamentale du cinéma du réel. Peut-on obliger les gens à être filmés ? Poursuivant malgré tout son aventure, la cinéaste organise un casting ou elle choisit un couple à qui elle propose de jouer le jeu de l’amour devant la caméra. Mais les jeunes gens n’y arrivent pas, car pour eux, s’embrasser en public, c’est transgresser les règles de la bienséance. Léonore Baud ne se laisse pas démonter pour autant, c’est tout l’intérêt de son film. Elle va dès lors s’intéresser aux origines de ces interdits moraux. Elle se met en quête d’informations sur le sujet auprès de cinéastes égyptiens et du chef de la censure. Tous lui répondent que le fossé entre le monde arabe et occidental est profond, et qu’il s’agit pour elle d’accepter que les règles éthiques, morales et culturelles qui régissent l’Égypte soient différentes des siennes.



La cinéaste ne fera donc pas « Les amoureux du Nil », mais nous proposera à la place une subtile réflexion sur le métier de cinéaste.

Commentaire

Réaliser un documentaire sur les amoureux au Caire : tel est le projet d’une jeune étudiante Suisse en cinéma qui se heurte rapidement à un terme absolument étranger à son travail : la censure. Un petit voyage dans le monde du cinéma égyptien contemporain à la recherche de rencontres, de répliques et de confrontations avec les images et la réalité.

Cécile Tanner, Catalogue des « Visions du Réel », 2008

Crédits

  • Version originale: arabe, française, anglaise (sous-titres français/anglais), couleur, Beta SP, 22 min.
  • Réalisation: Léonore Baud
  • Image: Andreas Birkle
  • Son: Ahmed Adnan
  • Montage: Camille Mouton
  • Production: Master Cinéma HES-SO

Festival

  • Festival Visions du Réel de Nyon en compétition internationale, 2008

Diffusion

  • TV5 Monde, 2012